Voilà, c'est fait. En s'imposant 25-3 face à un adversaire moins convalescent qu'on ne le supposait, le XV de France s'est replacé dans la course au titre suprême. Et, surtout, ne cédant jamais à la pression, il a atteint l'objectif qu'il s'était fixé : renouer avec le plaisir de jouer. Qui aurait cru, pourtant, il y a deux semaines que cette équipe, plus sacralisée que jamais, allait jouer sa qualification en quarts de finale de la Coupe du monde contre le XV d'Irlande ? Qui aurait seulement imaginé que, pour affronter ce dernier, il serait en outre privé de trois de ses «tauliers» : Fabien Pelous, Yannick Jauzion et Christophe Dominici ? Qui, enfin, pouvait prévoir que l'Irlande elle-même choisirait de se passer de deux cadres «incontournables» : son demi de mêlée Peter Stringer et son ailier Denis Hickie ? Mais ainsi va le rugby, qui, pour citer Clément Poitrenaud, est loin d'être «une science exacte» et qui, à l'exemple de son ballon capricieux, ne rebondit pas forcément à l'endroit où on l'attend.
En s'inclinant contre l'Argentine, la France a en effet, dixit Raphaël Ibanez, «boulotté son joker». En offrant une multitude de ballons à ses adversaires successifs (Namibie, puis Géorgie), l'Irlande de son côté n'a pas fait grosse impression, mais a assuré le service minimum et marqué suffisamment de points pour devancer son rival au classement. Car, avant de pénétrer sur le terrain, les joueurs de Brian O'Driscoll n'avaient pas eu besoin de discours afin de se