En anticipant la nomination de Bernard Laporte au poste de secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, Nicolas Sarkozy a sans doute flatté l'ego de tous les gros pardessus de la fédération, mais il n'a sûrement pas rendu service à l'ensemble du rugby français. Car désormais, de la lecture de la lettre de Guy Môquet, aux déclarations d'après-match de ce même Laporte, vendredi, devant la presse internationale interloquée («Ce soir nous avons été grands, comme le président de la République»), en passant par l'omniprésence gouvernementale dans les vestiaires du Stade de France comme au centre d'entraînement de Marcoussis (Essonne), la confusion des genres est à son comble.
Schizophrène. Et l'amateur de rugby se retrouve aujourd'hui tiraillé entre le désir de soutenir inconditionnellement son équipe qui, contre l'Irlande, a superbement construit son succès, et la tentation de rejeter celle-ci, car trop étiquetée sarkozyste.
Le rugby français est donc devenu schizophrène. Ce qui explique peut-être, à la fois ses résultats en dents de scie et ce culte spontanément voué par le grand public à Sébastien Chabal, seul membre du fameux groupe des trente censés «gagner ensemble» (qu'en pense à propos Sébastien Bruno, condamné depuis trois semaines au port du costume-cravate ?) à avoir critiqué publiquement, jadis, son entraîneur. La ministre Roselyne Bachelot, elle-même, présidente honorifique du fan-club du bouchonneur hirsute, s'en amuse quotidiennement, qui avoue