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Libération

Pas un sport de gonzesses

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publié le 27 septembre 2007 à 9h49

Au premier regard, j’ai su. Ce serait lui, mon homme. Il m’a rappelé une affiche de Tomi Ungerer créée à l’occasion d’une exposition moscovite, un bon gros grizzli au regard franc. Sur le champ, je l’ai surnommé Michka.

Depuis six mois, en toute discrétion, mon ours et moi filons le parfait amour. Enfin, lorsque nous nous retrouvons. Lui enfermé à Marcoumachin, moi toujours entre deux avions à cause d’un foutu métier de juriste en bâtiment pour la zone Pacifique d’une multinationale. Comme dit Michka, «ton adresse, c’est Roissy, Airbus A320, porte d’embarquement 28».

Le rugby, jusqu’alors, j’en avais uniquement entendu parler à l’occasion d’un passage à Hongkong. Désormais, je n’y connais toujours rien, mais au moins ai-je mis les pieds au Stade de France.

Etonnant spectacle. De temps en temps, les joueurs se mettent en position d’igloo, d’autres fois ils s’empilent les uns sur les autres comme dans une partouze géante. Il leur arrive même de s’empoigner alors que le ballon rebondit à l’autre bout du terrain.

Sans trop s’étendre sur la façon dont il l’avait obtenue, Michka m’avait offert «une surprise», un billet agrafé à un carton d’invitation. Très courtoisement, des cerbères m’ont indiqué une tribune située au bord du terrain et uniquement occupée par des femmes portant un maillot bleu orné d’un coq sur la poitrine. Un instant, je lui en ai voulu de m’imposer cette épreuve, mais après tout ne s’agissait-il pas d’une sorte de déclaration d’amour ? C’étaient donc elles, les épo