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Libération
Portrait

Jérémy Florès, graine de sel

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publié le 2 octobre 2007 à 0h27

Il ne savait pas nager qu'il grimpait déjà sur une planche de surf. Il restait là, avec ses brassards, à clapoter dans le ressac, au fond de l'anse de Boucan Canot, sur l'île de la Réunion. Aujourd'hui, Jérémy Florès fait partie de la guilde des chevaliers du sel, de ces hybrides terre-mer qui ravagent les plus belles vagues de la planète. Ils descendent au matin, tenant sous le bras leur outil de travail, qui est aussi leur navette spéciale. Leurs combinaisons isothermes pendouillent en travers de leurs planches, telles les peaux de ces ours qu'ils tueront peut-être. Ils remontent au soir, dégoulinants, la mèche rincée et l'oeil rougi d'avoir bloqué la machine marine en mode essorage. Entre-temps, ils ont joué à la bête à deux dos avec la houle, ramant dans les creux, triomphant dans les bosses. Ils ont surtout calligraphié leurs hésitations sur l'écume, en peuple des lisières, habitués à évoluer dans cet entre-deux.

Jérémy Florès n'a pas 20 ans, et cela fait impression dans un sport où le monarque, Kelly Slater, avoue ses 35 ans et où les principaux dignitaires hésitent entre 27 et 30 ans. Il est le plus jeune à entrer dans la carrière, à savoir le circuit de l'élite. Il est également le seul Européen. Les gros bataillons viennent, comme toujours, des Etats-Unis ou d'Australie. Mais, depuis vingt ans, l'Hexagone s'est entiché du phénomène glisse (skate, planche à voile, snowboard, kite), et le marché du surf­wear y est florissant. En général, ce sont les fédérations sportiv