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Libération

Pucará, le parent pauvre des Pumas argentins

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publié le 2 octobre 2007 à 0h27

Buenos Aires

de notre correspondant

La pelouse est un îlot d'un vert intense émergeant d'un océan de gadoue marron. Même en jouant sur cet écrin préservé, les rugbymen de Pucará, l'équipe phare des faubourgs humbles du sud de la capitale argentine, patinent contre Pueyrredon, un club de milieu de tableau et sortent vaincus (10 à 30), ce samedi après-midi glacial.

La centaine de spectateurs chaussés de bottes de caoutchouc se ravigote à coup de rasades de whisky local. Les plus transis se réchauffent à la braise et font de longues escales près des feux où grillent pendant des heures côtes de boeuf, saucisses, rognons, boudin. Au flanc du club house chaleureux, à l'entrée d'un gymnase un peu décrépi et aux abords du ­terrain synthétique où jouent des hockeyeuses frigorifiées, l'odeur de viande grillée donne presque du goût à l'air froid.

Sur les deux terrains quasi inaccessibles, des adolescents crottés jusqu'aux yeux donnent le vertige à un arbitre qui tente de contrôler leurs ébats boueux. Quelques flics de la «Bonaerense» (la police douteuse de la capitale), qui font des heures supplémentaires le week-end en surveillant les entrées et le parking, se sont réfugiés dans leurs guérites. La pluie glaciale et les rafales de pampero, le vent brutal venu de Patagonie, sont leurs meil­leurs alliés contre l'intrusion de trouble-fête.

Filiale. Depuis sa création, en 1943, le Pucará (du nom d'une citadelle inca des Andes argentines) a toujours offert quelques j