Le radio-réveil indiquait 4 h 17 lorsque Prosit, le berger allemand du voisin, hurla à la mort. Toutes griffes dehors, Corleone sauta du lit, queue gonflée, poil hérissé, avant de cracher en direction de la fenêtre.
«Psitt, ouvre-moi, Francky ! Ouvre !»
Comment ne pas reconnaître le chuchotis. Bernie le Dingo ! «L’ennemi public numéro 1», selon Claire Chazal, après la pitoyable défaite des Français contre les Brittons. Notre amitié remontait au temps de l’EDF, à Gaillac. Lui, secrétaire du comité d’entreprise, mézigue trésorier jusqu’à ce que, tout à trac, un commissaire aux comptes tatillon me soupçonne d’avoir calciné la carte bancaire du CE à des fins personnelles et confidentielles. ’Peccable Bernie sous la chandelle empoisonnée. Il avait balancé les relevés du Crédit labricole à la broyeuse, avant de jouer le neuneu devant les poulets de la financière. D’où son surnom. La justice est tout de même passée. Depuis, je me débrouille, comme dit Tony Soprano.
Le sélectionneur déchu a bondi d’entre les thuyas, déguisé en moine tibétain, traînant deux valises qui semblaient peser le poids du pack fidjien. A bout de souffle, il s’est effondré sur une caisse de jantes de voiturettes en attente d’expédition pour Tirana.
«Francky, toi qui as des relations, y a moyen de me faire quitter le pays ?
— Ça dépend… Tu trimballes quoi là-dedans ? Lingots ? Plutonium ?
— Des maillots de l’équipe de France. Dédicacés, je précise.»
Maintenant, avec le commerce équitable, je ne me voyais guère en tir