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Libération

Général des mécanos

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publié le 29 octobre 2007 à 1h09

Toujours vêtu de noir, Jean Moiroud erre dans les tréfonds de l'Insep. Un dédale de couloirs et de salles enterré sous le vélodrome couvert, et au milieu, son atelier, sa vie, son oeuvre de chef mécanicien : «J'aime bien rester tard le soir, jusqu'à 22 ou 23 heures. Et le matin, j'aime bien être là assez tôt, vers 7 heures.» I l a même dormi sur la piste en doussié (1) : «Je me suis allongé dessus pendant des nuits d'été. C'est incroyable, j'avais le vélodrome pour moi tout seul.» Il y a vingt-deux ans, Jean Moiroud est entré au service de l'équipe de France de cyclisme sur piste. Il a alors la quarantaine, le cabinet d'architecture qui l'employait a fermé, il peine à retrouver un emploi. Le vélo va le récupérer. Des caprices de Jeannie Longo aux angoisses de Philippe Ermenault ou de Francis Moreau, poursuiteurs émérites et «chics types», il a toujours réglé les soucis au millimètre, sans jamais vraiment profiter des succès : «On n'a pas le temps de fêter une médaille. On anticipe toujours l'épreuve suivante.»

Il s'est imposé une règle d'or, ne pas «dépasser le rôle de mécanicien». Cela ne l'empêche pas de confier que beaucoup de pistards ne prennent pas soin de leur matériel, «nous le laissent en pensant démerde-toi ».

Jean quitte rarement sa petite chambre à l'Institut. Il passe dans son foyer lyonnais «une dizaine de fois par an, et une semaine à Noël. J'ai une épouse charmante et indépendante, qui accepte la situation»