Didier Vincent arbitre des matchs de football depuis vingt et un ans. Carré, rigoureux, ce Jurassien grand et sec aux yeux bleu clair ne croit pas spécialement au hasard. «Aujourd'hui, j'ai toujours une certaine appréhension, dit-il néanmoins. J'imagine que tout peut basculer.» Car il sait, depuis le 29 avril dernier, que la frontière est ténue entre juge de paix et souffre-douleur. L'agression, à Aiglepierre (Jura), avait été soudaine, un coup de poing asséné dans la nuque par un jeune spectateur, également footballeur.
Pour l'agresseur, la peine a été lourde: dix ans de radiation de toute fédération sportive et, surtout, six mois de prison ferme. «J'ai été surpris par la sanction», reconnaît Didier Vincent. Une condamnation pour l'exemple dans une ligue de Franche-Comté minée par les violences. Et aussi pour la jurisprudence : c'était la première application de la loi de janvier 2007 qui fait de l'arbitrage une mission de service public.
Conditions. Didier Vincent, 45 ans, a choisi de poursuivre cette mission. Cet après-midi, le voilà à Saint-Vit, sur les coteaux du Doubs caressés par la bise. Temps froid et ensoleillé. Pelouse en bon état. 62 spectateurs. Sur son stade flambant neuf, au coeur du complexe Michel-Vautrot, l'équipe locale accueille Valdoie. Pour un match de division d'honneur régionale entre deux mal classés.
Didier, escorté des juges de touche, débarque une grosse heure avant le début de la messe dominicale, prévu à 15 heures : «On sait tout d