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Libération
Interview

«Contre les ultras, le tout-répressif a échoué»

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publié le 16 novembre 2007 à 1h31

Sociologue du sport à l'université de La Sapienza, près de Modène, Franco Giubilei (44 ans) travaille, entre autres, sur le supportérisme et les groupes ultras. Il revient sur les incidents du week-end dernier et sur la mort d'un supporteur de la Lazio, Gabriele Sandri (26 ans).

Le championnat d'Italie n'a pas été arrêté suite à la mort d'un supporteur, alors que les autorités n'avaient pas hésité à l'ajourner lors du décès d'un policier en février dernier. Deux poids, deux mesures ?

Il aurait en effet été plus sensé de suspendre le championnat. Aujourd'hui, la fracture est totale entre la police et une partie des ultras. Un simple prétexte (même si là ce n'était pas le cas) peut désormais déchaîner une réaction très violente. Dès qu'il y a une occasion, des tifosi ordinairement rivaux s'unissent contre la police. On l'a vu dimanche à Bergame, et surtout à Rome avec des incidents plus graves où des groupes mixtes de la Lazio et de la Roma ont attaqué un commissariat.

Est-ce la faiblesse de l'Etat qui empêche des solutions radicales ?

Les mesures répressives ne suffisent pas. On ne peut pas généraliser car chaque curva [«virage», ndlr] a une réalité composite, complexe, avec des franges de 300, 400 durs. Pour éviter que la fracture s'accroisse, il aurait fallu il y a dix ans créer un dialogue entre groupes et institutions, et au contraire on a tout misé sur la répression. Cela n'aide pas à récupérer ceux qui pourraient aller au stade juste pour chanter et soutenir l