«Imaginez les Alpes coupées à 2000 mètres d'altitude et flottant sur l'Atlantique sud, à la latitude du Cap Horn. C'est la Géorgie du Sud, grandiose et austère.» Isabelle Autissier, navigatrice aux quatre tours du monde en solitaire, connaît bien cette île britannique de 200 kilomètres de long, à la faune subantarctique foisonnante. Lorsque l'alpiniste Lionel Daudet lui a proposé une aventure partagée entre montagnards et marins, elle n'a pas hésité. Ces deux maîtres dans leur art partagent la même conception de l'aventure, loin des chronos et des sentiers battus.
Lionel Daudet, Philippe Batoux et Manu Cauchy, tous trois guides, veulent traverser à skis l'île sur toute sa longueur, en gravissant, si la météo leur en laisse le loisir, grandes faces glaciaires et sommets vierges. On ne sait même pas combien l'île en compte : «La Géorgie en est à l'âge d'or de l'alpinisme», s'enthousiasme Daudet. Avec Philippe Batoux, il forme l'une des cordées de pointe de l'alpinisme de haut niveau. Sauf qu'en Géorgie du Sud, sans bateau, approches et ravitaillements sont impossibles : le voilier d'Autissier, Ada 2, sera leur camp arrière et mobile.
Survie. Du nord-ouest au sud-est, l'île n'a été traversée à skis qu'une seule fois, par des Anglais, en 1999. D'est en ouest, dans le sens de la largeur, c'est la «traversée Shackleton», bien plus courte. Elle attire une ou deux campagnes par an, sur les traces de l'expédition antarctique conduite de 1914 à 1917 par sir Ernest S