Matti Nykaenen, Sven Hannawald, Andi Goldberger, Toni Nieminen. Autant de noms qui ont marqué le monde du saut à skis - qui vivra sa grand-messe dimanche avec la tournée des quatre tremplins (lire ci-dessous) - par leur génie, mais aussi leur déchéance. A ces stars des tremplins, il faut ajouter les Jan Bokloev, Jens Weissflog ; des garçons tous aussi fous les uns que les autres. Pour une seule raison : voler, le rêve de l'homme depuis la nuit des temps. Franck Salvi, ancien entraîneur de l'équipe de France de saut, est formel : «Voler a toujours été le grand délire de l'homme. Mais malgré ce désir et l'audace que requiert cette spécialité, il ne faut pas être totalement givré. Celui qui fait n'importe quoi ne va pas très loin et pour un sauteur, c'est aller loin qui compte.»
Avec toutes les contraintes que cela comporte. Car le moindre doute leur est fatal. «Les oiseaux ne pensent pas quand ils volent, continue Salvi. Au moment du saut, c'est au sauteur seul de surpasser ses angoisses et de reprendre confiance en soi.» Mais voilà pour voler, il faut savoir se jouer des lois de la gravitation. Certains de ces hommes-oiseaux sont allés jusqu'à inventer des positions fabuleuses, à en défier les lois de la physique. Ou de la psychologie. Souvent grâce à une superstition maniaque, beaucoup à coup de privations et de régimes draconiens. «Plus on est lourd et moins on vole», précise encore Franck Salvi avec un aplomb de scientifique. Ce qui explique que