C’était il y a dix ans tout rond. Le Demolition Day des Ecossais. L’équipe de France remportait largement sa rencontre en terrain étranger, 16 à 51. C’était il y a dix ans, le gros coton lainé n’avait pas encore été atomisé par le licra peau de serpent, et Marc Lièvremont portait le maillot bleu au coq. Il fut l’un des cinq Bleus à inscrire un essai ce jour-là. Y-a-t-il pensé au moment d’entrer sur le terrain, au moment de l’hymne timidement entonné? Ou se demandait-il plutôt s’il n’avait finalement rien oublié en France avant de s’envoler pour l’Ecosse?
Sur l'autoroute du Tournoi des VI Nations, Didier Retière, au volant, Marc Lièvremont, cartes en main, et Emile Ntamack à l'autoradio, avaient préféré laisser à la station service leurs personnes âgées pour n'embarquer que les jeunots. Ambiance colonie de vacances, avec pour seul mot d'ordre celui de « prendre du plaisir » (Marc Lièvremont), de globalement « s'amuser sur le terrain » (Emile Ntamack) dans le respect des règles et des fondamentaux selon Didier Retière « du mouvement dans le combat ».
Sauf que le Tournoi des VI Nations n’est pas une course d’orientation de scouts en grandes chaussettes. Car après seulement six jours de préparation, on craignait que les hommes de Marc Lièvremont ne soient lâchés sans repère dans la nature des Lothians, partant au combat avec pour seule arme, un opinel alors qu’en face l’adversaire était au moins outillé du Victorinox suisse.
Frank Hadden en effet, loin de