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Interview

Harcèlement et violences sexuelles : «Le sport ne protège pas, il vulnérabilise»

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publié le 23 février 2008 à 2h27

«Les chiffres sont édifiants», avait prévenu Roselyne Bachelot. La ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports présentait, vendredi, un «plan de lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles dans le milieu sportif» en présence de l'ex-joueuse de tennis Isabelle Demongeot, qui avait dénoncé son entraîneur dans le livre Service volé. Ce plan s'appuie notamment sur les premiers retours d'une étude menée en Aquitaine : 110 des 356 sportifs de 13 à 23 ans interrogés pensent ou affirment avoir déjà été confrontés à une forme de violence sexuelle. Sabine Afflelou, psychiatre, et Greg Decamps, du laboratoire de psychologie de l'université de Bordeaux, qui conduisent cette enquête, en détaillent les résultats.

31 % de victimes parmi les jeunes interrogés. Etes-vous surpris ?

Sabine Afflelou : Il faut distinguer trois degrés de violences sexuelles. Les agressions et les atteintes qui concernent surtout les filles. Et le harcèlement - où nous avons classé le voyeurisme, l'exhibitionnisme et les brimades -, le plus souvent subi par les garçons, et qui constitue plus de la moitié des cas.

Comment l'expliquer ?

Greg Decamps : On évoque toujours l'exemple de l'entraîneur masculin qui agresse la jeune sportive. Mais il y a d'autres configurations. Selon notre enquête ce sont le plus souvent des sportifs qui agressent d'autres sportifs. Et attention, cela ne touche pas que les filles, les très jeunes ou ceux qui ont une pratique intensive