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Libération

Elle ne gagne jamais mais c'est mon équipe

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par Etgar Keret
publié le 13 mars 2008 à 2h41

Je m'appelle Etgar Keret et l'équipe que je soutiens est le Maccabi Petah-Tikva. En couchant cette phrase sur la page, je me fais l'effet d'un poivrot vieillissant dans une réunion des Alcooliques anonymes, avec une différence significative : en comparaison du soutien d'une équipe qui, en quatre-vingt seize ans d'existence, n'a jamais remporté le moindre championnat et qui, au cours des cinquante-cinq dernières années, n'a jamais brandi de coupe, la consommation d'alcool, au moins, procure quelque réconfort.

La sagesse populaire veut qu'on ne choisisse pas sa famille, alors que c'est le cas pour des amis et son amour. Mais où placer, en l'occurrence, le choix d'une équipe de foot ? Je dirais, en tout cas pour une équipe du genre du Maccabi Petah-Tikva, que c'est un peu comme attraper une maladie vénérienne. Du genre de choses qu'on ne veut en aucun cas, dont on n'est certainement pas fier, mais dont on est obligé d'assumer la responsabilité. Car, au total, personne ne m'a obligé à supporter cette équipe si peu pourvue de supporteurs et de talent. Une équipe qu'aucun de mes amis ne supporte et qui n'est même pas liée à ma ville natale, Ramat-Gan.

La triste histoire de mon soutien à cette équipe débute au jour de mon cinquième anniversaire. Un parent éloigné, «gros pardessus» de l'équipe Hakoah Maccabi Ramat-Gan dont le stade était proche de la maison de mes parents, m'avait offert comme cadeau de m'emmener assister à un match de son équipe et, qui plus est, de suivre le jeu sur