La flamme est en sécurité, au moins pour vingt-quatre heures. L'avion bariolé «Voyage de l'harmonie» vient d'atterrir à Pékin en provenance d'Athènes. Il est neuf heures précises sur le tarmac, un peu moins sur CCTV. La chaîne nationale se donne une marge de sécurité, malgré le bandeau «direct» qui barre le haut de l'écran. La précaution a servi à Olympie la semaine dernière. Lors de l'allocution du président du comité d'organisation des Jeux, interrompu par des militants protibétains, les téléspectateurs chinois n'ont vu que du blanc.
«Passion». A Pékin, rien ne peut arriver. La cérémonie, point d'orgue de six années d'efforts, est balisée comme un défilé militaire. Zhou Yongkang, responsable de la sécurité au comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), est chargé du comité d'accueil. Pas un sourire, pas un signe d'émotion. L'air de transporter l'arme atomique, il embarque la flamme enfermée dans une lanterne à bord d'un minibus. Prochaine étape, une fête «populaire», place Tiananmen. Et quelle fête ! Des policiers cernent l'immense place, totalement déserte et silencieuse. Les stations de métro sont fermées, les voitures interdites depuis la veille. Sous le célèbre portrait de Mao, rien ne bouge sauf la bannière nationale flottant au vent. Un orchestre militaire, un champ de porteurs de drapeaux en uniforme blanc et bottes noires, la mine martiale. Le carré sombre des invités officiels semble figé, comme les visages. Le peuple est représenté par