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Libération

Dans la chapelle de Morante

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publié le 10 avril 2008 à 3h03

Jeudi 3, El Cid perd les oreilles aux aciers. Avec le compte rendu taurin, le gongorisme a de beaux jours devant lui. Jeudi donc, face à Lazarillo, troisième toro de Victorino Martín et après une jolie tauromachie à la cape et une faena de muleta gauchère et lumineuse, El Cid rate ses estocades. Il perd les deux oreilles qui lui tendaient les bras, si l'on veut bien excuser cette gongoriste couillonnade. L'art classique de El Cid et la brave noblesse de Lazarillo ont réveillé la course. Qui va s'envoler vers l'épopée, l'incandescence, la polémique.

Pepín Liria, dernière saison, fait ses adieux à Séville. Point d'honneur et réputation obligent, il part à la guerre et file attendre à genoux Gallareto. Gallareto sort du toril en trombe, tombe devant lui, se relève et emporte violemment Liria, sa hombria, ses points de retraite. L'instant «huele a ciprés», sent le cyprès, celui des cimetières. Pepín Liria meurt puis se relève d'un bond. Sa culotte est en morceaux, pas sa caste. Il empoigne le toro dans des veronicas puissantes et le mène jusqu'au centre de la piste. La Maestranza est debout, la musique joue et la clameur résonne jusqu'à Cehegín, sa ville natale.

A la muleta, jambes écartées, Liria torée Gallareto, un Victorino de grande classe, dans des séries courtes et rageuses, sans le dominer totalement, et se fait attraper sur une naturelle. Nouvelle odeur de cyprès. Le choc est dramatique, le péon Carlos Casanova se jette sur les cornes du toro. Liria ressuscite une d