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Libération
Critique

La grâce un jour d'avril

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publié le 2 mai 2008 à 3h18

C'est le coup de Paul Claudel derrière un pilier de Notre-Dame. Ce n'était pas la foi, il est déjà croyant, mais la corrida. Le 14 avril 1999, l'écrivain Yves Charnet est à Séville avec ses élèves de Supaero Toulouse, à qui il enseigne la littérature contemporaine, Michel Deguy inclus. Il s'y donne une corrida. Il ne sait pas ce que c'est. Son rapport avec la tauromachie se résume aux vachettes d'Intervilles et à une chanson de Brel, les Taureaux s'ennuient le dimanche. Miracle : il trouve des places au guichet. On comprendra plus loin pourquoi. Second miracle : il en ressort ébloui, transformé.

Dans son livre, Yves Charnet reconnaît que de ce jour, il n'est jamais réellement sorti de l'arène, parle de «résurrection» et d'entrée dans «un autre monde». Sur cette corrida de Séville, sauf ce choc et cette épiphanie, pas de détails, et pour cause. Il ne sait rien sur la tauromachie, les toreros, les passes, tout le berzoingue. On a retrouvé qui toréait : El Tato, Victor Puerto, Dávila-Miura, cinq toros de Manolo González et un d'Ordoñez. Pas de quoi se ruer au guichet. La course est un pétard : trois heures de courses, 4 silences, 1 ovation, une vuelta. 3 toros remplacés, 9 sont sortis du toril. Un cataplasme mais, au final, « une faena vibrante » de Dávila-Miura devant Murgoso, seul toro avec du tempérament Et jusque-là, un tel assommoir, écrit un chroniqueur, que «même le saint Job n'aurait pu le supporter». Et pourtant « coup de fo