Envoyé spécial à Lens.
«Tu veux une bière ?» Le président bordelais, Jean-Louis Triaud, décline poliment. Son truc, c'est le très haut de gamme (son épouse est propriétaire de plusieurs crus classés), donc bon, la Stella Artois du stade Félix-Bollaert. Le président lensois, Gervais Martel, se fait servir. Allume une cigarette pour faire glisser son demi. Contraint au nul (2-2) par le vice-champion de France bordelais une demi-heure plus tôt, le Racing Club de Lens vient d'être relégué en Ligue 2, qu'il n'avait plus fréquentée depuis dix-sept ans. Martel lève la tête et fait mine de regarder une télé, qui diffuse le Jour de foot de Canal. En fait, il ne voit rien.
«Respect».Triaud n'ose même pas les mots de réconfort qui, assurément, lui viennent à l'esprit. Sur le terrain, les joueurs aquitains ont eu la même pudeur, la même réserve. C'est peu de dire qu'ils n'auront pas manifesté leur joie sur le second but bordelais inscrit par David Bellion en toute fin de match ; une forme de déférence envers ceux qui, pour porter un autre maillot, font le même boulot. L'entraîneur des Girondins, Laurent Blanc, dira ça comme ça : «En jouant ce match à fond [alors que le succès lyonnais à Auxerre, vite dessiné, rendait inutile une victoire des Girondins en Artois, ndlr], nous avons montré tout le respect que nous devions à cette équipe de Lens.»
C'est gentil, et ça fera une belle jambe à Martel. Samedi, après le match, il a fait face à une question plutôt vicieuse