Henin qui se retire, Gasquet qui gamberge, Mauresmo qui s'interroge. Comme si une épidémie de déprime frappait le tennis. Outre qu'il martyrise les corps, ce sport tourmente-t-il particulièrement les âmes ? Réponses de Makis Chamalidis (1), psychologue, qui intervient à la fédération française.
Le sport de haut niveau est-il un terreau propice à la dépression ?
Je ne fais pas partie des psychologues qui disent qu'il faut avant tout chercher l'équilibre de l'athlète. Je pars du principe que, s'il a choisi le haut niveau, c'est déjà un déséquilibre. Si je peux l'aider à trouver un équilibre dans son déséquilibre, c'est déjà ça. Pour moi, les sportifs de haut niveau sont un peu fous, un peu obsessionnels. Sur certains aspects, le sport de haut niveau est propice à la dépression si on est mal encadré, si on ne se connaît pas très bien, si on manque de repères. Prenez les biographies de tous les grands ; navigateurs, hommes d'affaires ou politiques, sportifs ou artistes, vous allez toujours trouver, dans leur enfance ou à un autre moment, un déséquilibre : pour l'une ce sera la migration, pour l'autre un complexe d'infériorité, une humiliation, une maladie infantile.
La vie des joueurs de tennis sur le circuit concourt-elle à les fragiliser ?
Ils sont dans la même situation que tout «performer», sportif mais aussi artiste ou homme d'affaires, qui voyage sans arrêt, a un train de vie nomade, n'a comme repère que des chambres d'hôtel, des aéroports, les courts d'entraînement pour les j