Le dernier Français en lice ce dimanche était l'autre révélation du tournoi, avec Ernests Gulbis: Jérémy Chardy. Impressionnant de décontraction contre David Nalbandian, tête de série numéro 6 du tournoi, et le bûcheron moscovite Dmitry Tursunov, 33e joueur mondial, aux tours précédents, le Béarnais au sourire béat, 145e mondial, n'a pas battu une troisième tête de série d'affilée.
Il a chuté face au mur espagnol Nicolas Almagro, numéro 19, en trois sets très disputés: 7-6 (7/0), 7-6 (9-7), 7-5. Le tout, en 2h48 de jeu.
«Ce match, je l'aborderai comme les précédents, annonçait le Français au sortir de son match contre Tursunov. Je vais le jouer de la même manière, être extrêmement agressif sur chaque point. Je ne vais rien changer.» Jusqu'à maintenant, balancer ses énormes coups droits et lâcher cette merveille de revers, ainsi que ses services de brute (record actuel: 220 km/h) lui avait plutôt bien réussi...
Mais le problème du jour est de taille: Chardy se trouve confronté à son clone, en meilleur. L'Espagnol, qui est un énorme serveur (19 aces sur l'ensemble du match), possède lui aussi un coup droit de mule et un excellent revers. Seule différence: il le joue à une main.
Pas loin de l'exploit
Défait, Jérémy Chardy peut nourrir des regrets. Car il n'est pas passé loin de l'exploit. Mais ce dimanche, le Français n'a pas été aussi serein et lucide dans les moments décisifs qu'il ne l'avait été contre Tursunov ou Nalbandian. Si aucun des joueurs ne concède son service dans la première manche, Chardy sauvant au passage sept balles de break, le Français passe complètement à travers du jeu décisif. Il doit sûrement ruminer les deux balles de set qu'il gâche à 6-5 dans cette manche, perdant ensuite dix points d'affilée. Dont le tie-break.
La deuxième manche est du même accabit. Si ce n'est que Chardy parvient à prendre le service de son adversaire. Mais après la courte interruption de la partie par la pluie, Almagro parvient à débreaker. Comme dans la manche précédente, tout se joue dans le jeu décisif. Et contrairement au premier, le Français domine le tie-break. Il s'offre même trois balles de manche. Qu'il ne parvient pas à concrétiser. Il en suffira d'une à l'Espagnol, extrêmement chanceux, sa balle tapant la bande du filet et passant de l'autre côté, pour emporter la manche.
Raquette à terre
Pour la première fois depuis le début du tournoi, Chardy explose de rage et jette sa raquette à terre. Son outil de travail passe de l'autre côté du terrain. Almagro, tout en s'excusant, lui rend sa raquette.
Dans la troisième manche, comme dans les précédentes, Chardy ne convertit pas les occasions qu'il se crée. A 3-2 pour lui, il se procure trois nouvelles balles de break. Toutes effacées par Almagro. A 5-4, le Français va de nouveau chercher une balle de break. Effacée par l'Espagnol avec un ace, son dix-huitième. Dans le jeu suivant, le service de Chardy flanche. Il commet deux doubles fautes, qui deviennent trois balles de break pour l'Espagnol. La première lui suffit. Il mène 6-5. Et l'Espagnol de conclure sur son service, par un jeu blanc.
Le dernier joueur bénéficiant d'une wild card qualifié pour les huitièmes de finale à Roland était Henri Leconte. C'était en 1992. Le Français avait alors atteint les demi-finales. Chardy n'aura pas réussi à égaler l'exploit de son aîné.