Premier et seul Letton à avoir jamais disputé un tournoi du Grand Chelem (à Roland-Garros l'an passé), Ernests Gulbis, 19 ans et 80e joueur mondial, est logiquement devenu le premier Letton à se qualifier pour un huitième de finale dans un des quatre tournois majeurs (l'an passé à l'US Open), puis le premier Letton à atteindre un quart. C'était hier, à Paris, après avoir triomphé de Michaël Llodra (6-4, 7-6, 6-3).
Où s'arrêtera Gulbis ? Et d'abord, que fait-il là, venu d'un petit pays où les gamins rêvent tous de devenir hockeyeurs ou basketteurs (son grand-père mania la grosse balle orange en équipe d'URSS) ? Après son deuxième match à Paris face à l'Américain James Blake, un journaliste avait demandé au jeune Letton d'un ton très compassionnel : «Ernests, si on est un jeune homme, qu'on vit en Lettonie, que la famille n'a pas beaucoup d'argent, est-ce difficile d'apprendre le jeu ? Quelles ont été les chances que vous avez su saisir en Lettonie ?» Ça coco, ça va vendre : la belle histoire du Letton nécessiteux forçant son destin. Réponse de Gulbis : «En Lettonie, si vous êtes un jeune et que vous n'avez pas beaucoup d'argent, il est extrêmement difficile d'arriver en haut et de réussir.» Le journaliste : «Mais, Ernests, vous-même, comment avez-vous fait ?»
Entrailles. En fait, Gulbis n'a jamais eu ce genre de problème car il est fils d'un prospère businessman et d'une actrice de théâtre. Une de ses soeurs fait son droit en Angleterre. Lui s'est mis à jou