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Libération

Les vieux dans les Bleus

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Roumanie-France. Raymond Domenech compte sur ses cadres pour remporter le premier match des Tricolores.
publié le 9 juin 2008 à 3h48

La Roumanie fut le dernier pays d'Europe à diffuser les matchs en noir et blanc. Ça se passait pendant les années 80, les défenseurs roumains moustachus mesuraient deux mètres et les clubs hexagonaux allaient ramasser une branlée quasi rituelle tous les deux ans au pied des Carpates. On se rappelle l'AS Monaco en 1983 à Craïova, devant l'Universitate : un tacle roumain arrache une chaussure du subtil (donc hors sujet dans le contexte) attaquant monégasque Youssouf Fofana, celui-ci va pour la récupérer. sauf que le premier joueur local qui passe empoigne la godasse et l'expédie dans les tribunes, où on entendait hurler tout le match un public haineux et vociférant. Va la chercher, fiston. Le football roumain était viril, sauvage, mystérieux. Le tunnel qui mène au terrain n'était jamais éclairé : un puits aux maléfices, un hymne aux caméras de vidéosurveillance.

Vertu. Ce soir, au Letzigrund de Zurich, les Bleus rentreront dans leur championnat d'Europe face aux lointains descendants des géants moustachus. Ils savent tout d'eux. Il n'y a plus de mystère dans le foot d'aujourd'hui. On sait ainsi qu'un joueur roumain correct de 19 ans fiche le camp pour un emploi municipal (fictif) et une place dans une équipe de troisième division autrichienne. Ça lui permettra de vivre et faire vivre. Racontez ça à un Roumain : il ne niera pas, mais vous prendrez son poing dans la gueule. Voilà l'enjeu alternatif (l'autre étant, bien sûr, la qualification pour les quarts) de la partie de manive