A ne voir en Rafael Nadal que celui qui empêche Federer de remporter Roland-Garros, que le grain de terre battue qui grippe l'intronisation de Federer en plus grand joueur de l'histoire, on mesure mal ce que l'Espagnol est en train de bâtir. Arrivé en culotte courte porte d'Auteuil il y a quatre ans, à peine majeur, Nadal a commencé à faire un petit pâté sur le central. Vingt-huit matchs plus tard, tous gagnés, son oeuvre est monumentale. Le chapitre qu'il y a ajouté hier est le plus impressionnant. Nadal a concassé Federer en trois sets (6-1, 6-3, 6-0), le réduisant à quatre misérables jeux et lui infligeant le déshonneur d'une bulle, la première depuis neuf ans (face à Byron Black, au Queen's, en 1999).
L'Espagnol, qui avait fini ses dernières finales sur le dos, terrassé par l'émotion, a simplement levé les bras à la fin de la partie : «Pendant le match, je n'en croyais pas mes yeux. Ça devait accrocher, mais c'était si facile. J'ai frôlé la perfection.» Federer, pour sa part, a ressenti ce que beaucoup de joueurs ont vécu face à lui. «Sur le coup, c'est presque plus facile de perdre comme ça, a concédé le numéro 1 mondial. Tu sens que tu ne vas pas gagner, tout se met progressivement de son côté. Tu te fais à l'idée pendant le match.»
Inexorable. Des huit défaites du Suisse face à Nadal sur terre battue, celle d'hier fut la plus inexorable. Sur onze jeux de service, Federer en a perdu huit. «J'ai bien servi (68 % de premières balles) mais il