C'est le genre de chiffre qui nous ramène, en France, plus de vingt ans en arrière : selon un sondage paru le mois dernier en Espagne dans le journal Sport, 83 % des Espagnols préfèrent voir leur sélection nationale s'appuyer sur des cracks du ballon plutôt que sur des guerriers. C'est mignon, mais c'est hélas inefficace : la Roja n'a rien fait de marquant depuis sa finale de l'Euro 84. Pendant ce temps-là, leurs bourreaux français, devenus adeptes du winning ugly, se sont constitués un palmarès en béton armé.
A écouter Unai Emery, le nouvel entraîneur du FC Valence, la grande remise en cause n'est pourtant pas encore pour cette année : «Le football, c'est avoir la balle le plus longtemps possible, si ce n'était que de l'athlétisme, on ne serait pas présents à l'Euro.» Bon, pourquoi pas. Mais la vérité, c'est plutôt que dans un pays ultrarégionaliste où la Selección compte pour poussière à côté des clubs, l'héritage du Barça et du Real, deux monuments qui se permettent de virer leurs coachs trop défensifs même quand ils gagnent, pèse trop lourd pour les entraîneurs nationaux. La dream team de Johan Cruyff chargeait les milieux récupérateurs de mener le jeu ? L'équipe nationale n'a d'autre choix que de l'imiter, même quand c'est le préhistorique Luis Aragonés qui coache. Lequel Aragonés se pressa d'annoncer dès sa prise de fonction en 2004 que son équipe jouerait comme un Barça bis.
Otaries. «Dans ce pays, on a une vision élitiste du football : to