Ils font des moues. Avancent une lippe dégoûtée. Haussant les sourcils, ils lèvent les yeux vers des cieux que seul pourrait atteindre un tir raté de Malouda (ben quoi, on n'a pas le droit de faire des blagues de foot ?). Attablés autour du grand cadavre bleu, les médecins légistes du foot officient.
Sur M6, dans 100 % Foot, avec Pierre Ménès et Dominique Grimault, sur Eurosport avec Luis Fernandez, sur Infosport et ailleurs, l'autopsie est quotidienne. Ils ont ce même air entendu de l'expert, «j'pourrais en dire si j'voulais, hein». D'une chaîne l'autre, ils délivrent le même diagnostic : y'a pas de leader. Et la posologie est identique : y faut se parler - beaucoup - et y faut attaquer par les couloirs - à fond. Et surtout, y faut virer Malouda. Vite.
Parfois, les médecins légistes s'emportent, tel Ménès : «Makelele et Gallas,ils peuvent remettre le même maillot sans le laver, ils ont fait 20 mètres pendant le match.» Parfois, ils tentent de se rassurer tel Fernandez : «Le monde entier nous envie nos joueurs.» Parfois un ange - un spectre - passe : la Coupe du monde 2006. Et là un soupir : «Oui, mais y'avait Zidane.» Silence.
En face, le grand cadavre bleu tressaute à peine. Il faut les voir, ces Bleus tout mous, dans leurs points de presse. Sur fond de panneau publicitaire, assis sur un tabouret, encadrés de deux plantes vertes, ils ânonnent leur langue de bois. Comme frappés de stupeur, inatteignables, insonorisés, indolorisés : on