On l'entend arriver de loin. Venu avec ses potes, Manolo «el del Bombo», tambourine à tout-va pour chauffer l'ambiance. Pas facile. «Je suis de toutes les compétitions internationales depuis le Mondial 1982 et c'est vrai qu'ici, bah c'est un peu compliqué.» Ici c'est Neustift im Stubaital, le village de montagne perdu au milieu du Tyrol où la sélection espagnole a posé ses valises durant l'Euro. Toni, la trentaine bedonnante, peinturluré rouge et jaune, a fait le déplacement depuis Valence : «Je sais pas, c'est bizarre. On est là avec les copains et à 21 heures tout est fermé. Pour autant que je sache, il n'y a pourtant pas de décalage horaire, si ?» Décalage horaire, peut-être pas, mais civilisationnel, c'est certain. «On a du mal à comprendre les Espagnols, ils ne veulent pas goûter nos spécialités, ils ne se nourrissent que de carpaccio et de bières», se désole le patron du restaurant Platzl, sur la place principale. Pas faute d'avoir fait des efforts, pourtant. Avant l'Euro, les habitants du village ont passé des jours et des nuits à sous-titrer leurs indications et menus en espagnol, ainsi qu'à afficher des drapeaux géants aux quatre coins de la bourgade. Effort ultime, un bar est même allé jusqu'à organiser des «tequila party» - et tant pis si la tequila est d'origine mexicaine et pas espagnole, c'est l'intention qui compte. Las ! Comme le rappelle l'autochtone Ana, les deux peuples ne sont pas faits pour s'entendre. «On espère qu'ils perdront v
Lost in Tyrol
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publié le 16 juin 2008 à 3h54
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