Jouer dans sa «salle à manger». Voilà comment Ivan Rakitic, 20 ans, personnalisait son rêve de disputer la demi-finale de l'Euro au stade Saint-Jacques de Bâle. Le jeune joyau croate aurait retrouvé l'Allemagne, qu'il avait grandement contribué à faire chuter lors de la phase des poules (1-0), mais surtout la pelouse du FC Bâle, le grand club helvétique où il fit ses classes. Depuis, les Turcs sont passés.
Le cruel dénouement du quart de finale - Rakitic a raté son tir au but d'une frappe rachitique -, son père l'a suivi sur l'écran géant de Mölhin, village du canton voisin d'Argovie. Rakitic, qui monnaie ses talents en Allemagne à Schalke 04 depuis une saison, y dispose toujours d'un appartement, un étage au-dessus de celui de ses parents, dans un immeuble sans fard, loin des édifices tout confort qu'affectionne d'habitude la jeunesse du foot professionnel.
Insultes. Iva Tedesco, journaliste au quotidien Blick, suit le joueur depuis ses premières années bâloises. Elle le décrit sommairement : «C'est un jeune Suisse au coeur croate.» Un paradoxe pas toujours compris par la population. Quand Rakitic, né en Suisse, opte pour la sélection à damier en juin 2007, les lettres d'insultes s'entassent dans la boîte aux lettres familiale. Et les sympathisants de la très à droite UDC (Union démocratique du centre, qui porte mal son nom), au pouvoir à Mölhin, vont jusqu'à faire pression sur le maire pour que la demande de citoyenneté du père, Luka, soit rejetée.
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