Au moins, on ne pourra pas reprocher aux mecs de se cacher. A peine acquise dimanche soir la qualification en demi-finale face à l'Italie (0-0, 4 tirs aux buts à 2), les journalistes espagnols réunis dans le mediacenter du Ernst-Happel Stadion de Vienne ont fait des bonds en criant «Elle est pour nous ! Elle est pour nous !» Elle ? La coupe, évidemment. Quelques minutes plus tard, en conférence de presse, Luis Aragonés, le sélectionneur espagnol, ne s'est pas non plus mouché du coude : «Le match était assez lent. De toute façon, nous ne sommes pas là pour aller en demie, mais pour gagner le titre.» A Madrid, les supporteurs restés au pays, qui reprenaient en boucle le slogan «Campeones, campeones», plaza de Colón, ne disaient pas autre chose.
«Fantômes». Eternelle Espagne : la voilà qui gagne un match et qui de suite en oublie les suivants pour ne voir que la finale. A chaque tournoi, ils nous font le coup. Comme ils se rétament régulièrement, c'est étrange.
Mais il faut dire que leur presse n'aide pas à rester sur Terre. «L'Espagne bat l'histoire», titrait ainsi sobrement As hier, tandis qu'El País soulignait que le pays avait en Iker Casillas, qui a stoppé deux tirs aux buts adverses, «un héros dans ses cages, qui en a fini avec les fantômes qui rôdaient autour de la sélection». Le quotidien de droite ABC lançait lui un définitif : «L'Espagne a un complexe en moins, celui de son football, qui minait l'orgueil nationa