Cengiz Aktar, spécialiste de l'élargissement de l'Union européenne, professeur à l'université d'Istanbul et chroniqueur du quotidien Vatan, analyse le parcours turc à l'Euro.
Comment analyser la défaite contre l'Allemagne ?
En fait pour la première fois, les Turcs ont joué comme des Européens et ils ont perdu. Les autres fois, ils avaient joué leur football chaotique turc et avaient gagné ! Personnellement, j'ai eu un sentiment de soulagement devant la fin de cette poussée nationaliste des dernières semaines.
S'agit-il d'une montée du nationalisme ou d'une crise d'euphorie passagère ?
La société turque n'échappe pas à la formule romaine panem et circences, ni aux poussées nationalistes. Il faut du jeu au peuple et il en a eu. Il faut du sentiment au peuple et il en a eu. Pour le pain on verra ! La Turquie, qui est entrée dans une nouvelle turbulence politique depuis l'ouverture d'une enquête sur le parti au pouvoir, ne se sent plus en confiance. La stabilité politique comme économique vacille et les gens le sentent. Ce manque de confiance en soi a été comblé par les résultats de l'équipe nationale qui, au fur et à mesure des matchs, a exacerbé le sentiment nationaliste - d'autant plus qu'il s'agit d'une compétition européenne. De manque de confiance en soi, on est passé à une autoconfiance exagérée. En fait, les cycles maniaco-dépressifs se suivent.
Pensez-vous que le parcours turc soit un bon point pour entrer dans l'Union européenne ?
L'équipe turque grâce à son je