Auteur d'un pamphlet contre le sport (1), le philosophe Robert Redeker ne pouvait pas aimer l'Euro. Alors qu'il se trouve en Espagne pour des conférences, il a d'ailleurs trouvé le seul Espagnol (son hôte) qui déteste le foot.
Alors, Euro ?
J'ai vu quelques matchs. Cet Euro confirme ce que j'écris dans mon livre : la marchandisation des corps, la bourse aux joueurs (on ne réfléchit jamais assez à combien le mercato est scandaleux). Sinon, j'ai été très choqué par les commentaires du match France-Roumanie. Thierry Roland avait du mal à prononcer le nom d'un arbitre de touche espagnol. Et quand il y est arrivé, Franck Leboeuf lui a dit : "A vos souhaits." C'était choquant, d'autant qu'il y avait des panneaux "non au racisme" partout. J'y vois un symbole du différentiel entre la propagande du football propre et sa réalité : Leboeuf, c'est le surgissement du refoulé du foot, sa laideur que veut masquer la com'.
Pourtant, dans votre livre, vous vous posez en soutien de Thierry Roland, «dont la langue est la seule adéquate au football».
Oui, parce que Thierry Roland, c'est franc, il a compris que la pensée du football, c'est la pensée de la buvette.
Entre Domenech qui demande la main d'Estelle après l'élimination des Bleus et ceux qui s'indignent de tant de trivialité dans un «moment si grave» : où est l'obscénité ?
Moi, la demande en mariage, je trouve ça très bien. Domenech a compris plein de choses dans le fonctionnement des médias. C'est de l'ironie par rapport à la défaite.