Le monde du tennis ne se rend pas bien compte. Pas bien compte qu'il n'y a absolument rien de normal dans cette situation. A parler systématiquement, depuis dix ans et leur premier affrontement à l'Open d'Australie en 1998, «des Williams», comme on dit «les Brangelina» : unies à la scène comme à la ville, indissociables, et ce, indépendamment de leurs oeuvres respectives. Et pourtant, quelles oeuvres !
C'est qu'on ne parle pas ici de deux membres d'une même fratrie qui s'illustreraient en montant à l'occasion sur le podium d'un championnat régional. Non. On parle de deux joueuses de tennis ayant chacune atteint la place de numéro 1 mondiale. Comptant à elles deux 67 titres, dont 14 du Grand Chelem. Et qui s'apprêtent à disputer, samedi après-midi sur le Centre Court du très vénérable All England Lawn Tennis and Croquet Club, leur 16e rencontre sur le circuit professionnel. La 9e en finale, la 7e au dernier jour d'un Majeur. La 3e à Londres pour s'adjuger le droit de soulever le Rosewater Dish.
«Je pense que personne ne peut s'imaginer ce que cela fait d'affronter sa soeur pour un titre du Grand Chelem», concède Elena Dementieva, dominée en demie par l'aînée, Venus, 28 ans. «Elles sont de la même famille. Elles s'entraînent ensemble, elles se comprennent», admire Zheng Jie, éliminée au même stade par la cadette, Serena, 26 ans. «C'est un sentiment très spécial, c'est certain, tranche Isha, l'imposante grande soeur au visage de poupon qui les suit