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Portrait

Dabaya, haltères mondialistes

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Haltérophilie. Natif du Cameroun, il concourt pour la France chez les moins de 69 kg.
publié le 12 août 2008 à 4h35

Envoyé spécial à Pékin. Pour qui ou, pour quoi, gagne un athlète ? L'haltérophile Vencelas Dabaya (27 ans) a du mal avec cette question-là. Pour le Cameroun qui l'a vu naître ? Pour ceux qui lui ont tendu la main les jours sombres où, sans-papiers, il ne pouvait quitter l'hexagone de peur de ne pouvoir y revenir ? Pour la France, que ce champion du monde (à Saint-Domingue, en 2006) représente aujourd'hui dans le concours des moins de 69 kilos ? A chaque fois, Dabaya laisse filer. Puis, d'un coup, il serre la vis : «L'haltérophilie, c'est la base de tout le reste. Après, je sais qu'on vit dans un monde ingrat, où on oublie que tous les sports - sans exception - viennent s'abreuver chez nous. La souplesse, l'agressivité, la vitesse, ça ne se vend pas.» Et non. «Rien ne vient jamais vers nous. Je laisse mes illusions à la chance.»

Insurpassable. Ce ne sont pas forcément les mots du soldat de 1ère classe qu'il est devenu mais avec lui, rien ne colle. Sauf à bien regarder. Un natif du Cameroun dans ce sport terrible, écrasé par une poignée de pays (Bulgarie, Roumanie, Albanie, Géorgie.) ? «Il y a une tradition d'haltérophiles au Cameroun.» Tenue à bout de bras par Matam Samsom N'Dicka, modèle insurpassable devenu cadre technique chez les Bleus. «Quarante-cinq kilos de poids de corps et il en soulevait plus de cent. Les petites catégories, c'est la modernité. Les Matam [il y avait deux frères, ndlr] ont entraîné tout le monde dans cette idée.» Le reste,