Des coups sourds à ma porte, au petit matin. Un homme est en train de clouer un tube de métal dans le bois ancien. Inutile de protester. Il est en mission officielle, chaque boutique, maison ou restaurant aura son porte-drapeau avant la nuit. Le service est gratuit, aux habitants de pavoiser la rue ensuite. Rien n'est obligatoire. En deux ou trois jours, la rue entière est hérissée de rouge. Chacun a acheté le même drapeau étoilé d'un mètre de long. 18 yuans (1,8 euro), le modèle officiel, sorti des usines Jinggong, la fabrique nationale. Cinq yuans (2 après marchandage), le modèle de contrefaçon vendu sous le manteau.
Ma porte est comme une dent manquante. La gentille dame du comité de quartier, avec son brassard rouge «Sécurité des JO», sourit plus qu'à l'habitude. Il est temps de boucher le trou. J'hésite. Les anneaux olympiques ? Le fanion blanc Beijing 2008, «One World, One Dream» ? La bannière bleue européenne ? Dernière éventualité risquée, le drapeau tricolore, histoire d'encourager Laure Manaudou, et Nicolas Sarkozy qui patinent tous les deux.
Normes. Sur les conseils pressants de ma propriétaire, j'opte pour le drapeau chinois. Introuvable dans le quartier ! C'est la rupture de stock chez les marchands qui ont poussé un peu partout. La propriétaire finit par dénicher un drapeau dans le coffre de sa voiture. Taille intermédiaire, un peu effrangé, sûrement pas aux normes de la loi sur le drapeau national. Me voilà, conforme, fondue dans l'ambiance patriotique. Depuis l