C'était le bon temps. Les Jeux avaient leur «petite fée» (la patineuse norvégienne Sonja Henie en 1928) ou leur «reine» (l'athlète néerlandaise Fanny Blankers-Koen en 1948, la gymnaste roumaine Nadia Comaneci en 1976). Tous les quatre ans, la presse people vendait une tête couronnée. Aujourd'hui, les prétendantes ont tendance à perdre leurs moyens au contrôle antidopage quand elles ne sont pas déchues du titre par un tribunal comme de vulgaires entôleuses.
En 1968, à Mexico, l'honneur revient à la gymnaste tchèque Vera Cáslavská, qui ajoute quatre médailles d'or à une collection déjà impressionnante. Elle pare le sacre d'une touche de romantisme inédite, en épousant à l'église du village olympique son compatriote Josef Odlozil. Celui-ci possède pour titres de noblesse une médaille d'argent sur 1 500 m à Tokyo en 1964 et un record du monde du 2 000 m. La lune de miel tourne court. Avant de partir au Mexique, la gymnaste a signé «la pétition des 2 000 mots», qui condamne l'invasion de son pays par les troupes du Pacte de Varsovie. De retour, elle refuse toute forme d'autocritique. Débutent alors six années de persécutions et de bannissement intérieur. Dans le même temps, Odlozil, autrefois qualifié de coureur fantasque, se révèle un mari alcoolique et violent dont elle divorce en 1979.
La championne, jusqu'alors cantonnée à un poste subalterne d'entraîneur à Prague, ne retrouve vraiment son statut qu'après l'effondrement du bloc de l'Est. Elle est nommée conseillère du pr