On avait quitté le deux de couple français un jour de sacre olympique, dans la clarté solaire d'un matin sur le bassin de Shinias, plein nord depuis Athènes. Sébastien Vieilledent, dont ce fut la dernière course, parlait de se marier sur une plage australienne. Son coéquipier, le très cartésien Adrien Hardy, couvait du regard un type qu'il avait bien souvent rappelé à ses devoirs. Quant aux aficionados d'aviron, ils n'avaient d'yeux que pour le bateau, plus léger que ceux des adversaires, et cette plume sur l'étrave symbolisant leur combat : celui de la finesse du coup d'aviron contre la force brute.
On a retrouvé le deux de couple français, fin juillet, sur le lac d'Aiguebelette (Savoie), les doigts de pied en éventail et éternel prosélyte de ce style rythmé, délicat, qui lui a valu des commentaires flatteurs du légendaire rameur néo-zélandais Rob Waddell - grandissime favori de la finale du deux de couple samedi (1) - ou de la BBC, qui ne plaisante pas avec l'aviron. C'est Hardy (30 ans) qui parle : «On n'aime pas les paquebots.» Pendant qu'il dit ça, d'énormes gouttes commencent à tomber du ciel. On lui suggère de se mettre à couvert. Le Nîmois lève le nez : «Non, ça va, c'est fini.» De fait, ça s'arrête : Hardy est ce genre de type-là.
«Coque vivante».Il raconte l'histoire pendant que Jean-Baptiste Macquet, 25 ans, successeur de Vieilledent dans l'embarcation, écoute, patient. Après Athènes, Hardy s'est essayé au quatre de couple. Replacé dans son bateau de p