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Libération

Où est mon Pékin quotidien ?

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publié le 16 août 2008 à 4h38

Sommes-nous vraiment à Pékin ? Tant de petites choses manquent ces derniers temps. Essayez de trouver un chauffeur de taxi normal, par exemple. Un bon vieux bougon débraillé, qui écoute Ping et Pong, duo comique à la radio, avec un portrait de Mao suspendu à son rétroviseur, baisse sa vitre pour balancer un crachat et vous conduit place Tiananmen quand vous avez articulé avenue Dianmen en vous trompant seulement d'un ton. Impossible.

Les chauffeurs de taxi sont en uniforme, cet été. Chemise jaune, pantalon marine, cravate. Une année intensive de cours d'anglais et de bienséance a porté ses fruits. Hello,OK, bye bye, welcome in Beijing.Tiananmen square ? Forbidden City ? La clim est à fond, les housses de siège sont bien blanches, la radio passe la CRI, Chinese Radio International en anglais. Dans les beaux quartiers, des cabs anglais déposent les clients devant des hôtels flambant neufs qui ressemblent au Lutetia de Paris ou au Waldorf-Astoria de New York.

Pyjama. Essayez maintenant de humer l'esprit des hutongs, les ruelles des vieux quartiers gris et bas. La fumée des barbecues ouïgours. La dame qui sort des toilettes publiques en pyjama à 16 heures. Les vieux vissés aux tables de mahjong dans un cercle de mégots de Honghe (province du Yunnan, dans le sud de la Chine). Les jeunes et moins jeunes en claquettes et tee-shirt roulé sous les aisselles. Les charbonniers tirant des cargaisons de boulets sur leurs vélos, été comme hiver. Sou