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Libération

Disque d'or

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publié le 18 août 2008 à 4h39

Lorsqu'elle participe aux Jeux de Londres en 1948, Micheline Ostermeyer, petite-nièce de Victor Hugo, est plus connue comme concertiste que comme discobole. Premier prix du conservatoire de Paris, elle pratique l'athlétisme en dilettante. Cinq heures de piano par jour, cinq heures d'entraînement par semaine. Cette jeune fille de bonne famille au gabarit impressionnant (1,79 mètre pour 72 kilos) ne se laisse pas troubler par les conditions précaires des «Jeux de la renaissance». Athlètes logés dans des baraquements rudimentaires, météo très anglaise, organisation tâtonnante et surtout une nourriture chiche qui laisse certains, comme le nageur français Alex Jany, morts de faim.

Dès le premier jour, la Française enlève la médaille d'or au lancer du disque devant l'Italienne Edera Cordiale-Gentile, grande favorite. Le soir, au Victoria College où loge l'équipe de France, elle fête sa victoire en interprétant sur un vieux piano légèrement désaccordé la Pathétique et le Clair de lune de Beethoven. Dans la foulée, elle récidive au lancer du poids puis ajoute une médaille de bronze au saut en hauteur.

Le secret de sa réussite réside peut-être dans la combinaison des deux passions. «Le piano me donne le sens du geste et du rythme, explique-t-elle aux rares journalistes alors intéressés par ses exploits. Les récitals augmentent ma capacité de concentration alors que l'athlétisme m'apporte un repos mental. Je m'endors facilement entre les épreuves et je me