«Salut les pétasses !» La saillie résonne dans le gymnase. Quand il est de bonne humeur, Didier Dinart, le ciment de la muraille bleue, aime taquiner les frères Gille. Et cela les fait bien rire. En équipe de France de handball (1), on laisse la poésie sur les ailes, aux élégants Michaël Guigou et Luc Abalo. Les Gille, Guillaume (32 ans) et Bertrand (30 ans), font eux dans le tactile. «Un Gille qui n'enlace pas, c'est pas un Gille», a lancé un jour Daniel Costantini, sélectionneur antédiluvien, jamais avare d'une jolie métaphore pour dépeindre le travail de sape de ces hardis défenseurs.
Guillaume et Bertrand Gille, qui jouent ensemble depuis l'enfance, dépassent chacun les 200 sélections en équipe nationale. Ils ont connu trois clubs dans leur vie : Loriol (Drôme), la source ; Chambéry, l'explosion ; Hambourg, la confirmation. Il ne faut pas se fier à leurs surnoms, «Gino» et «Bobo». Rien à avoir avec un couple d'humoristes. Ces gars-là jouent physique d'entrée et coulissent à la perfection. Prévenu, on les a «traités» séparément. Pas suffisant, on passe à la mitraille. Guillaume : «C'est quoi le talent ? Un truc de journaliste. Tout jeune, j'ai vu des mecs qui avaient beaucoup plus d'aptitudes que moi. Ils n'ont pas percé. Le travail, le travail.» Bertrand, sur la famille : «Mon frère, pfff. j'ai pas trop envie de décrire ses qualités, c'est notre affaire. Pas besoin de mettre des adjectifs sur les raisons pour lesquelles je l'aime.»
Tout est déjà