Une pierre, deux coups : Usain Bolt est le sixième à battre le record du monde en finale d'un 100 m olympique, après les Américains Eddie Tolan (1932), Bob Hayes (1964) et Jim Hines (1968), et les Canadiens Ben Johnson (1988, annulé pour dopage) et Donovan Bailey (1996). La barrière des 9''70 est tombée avec une telle facilité, Bolt associant le geste à la parole pour toiser ses adversaires en fin de course, qu'on se demande s'il aurait pu aussi abattre celle des 9''60.
Selon Charlie Francis, entraîneur de Ben Johnson, qui avait remporté le titre en 9''79 avec l'index pointé au ciel longtemps avant l'arrivée, l'insolence du Jamaïcain ne lui coûte que 6 centièmes environ sur les derniers 10 m. «Il atteint 12,20 m/s entre les 50 et 80 m, ce qui est inédit par vent nul. Lancé à une telle vitesse, il faut du temps pour que la décélération soit effective même s'il réduit son effort avant.» Le rythme de la respiration influe sur la courbe de vitesse. Pendant la finale, Bolt respire à neuf reprises, à partir de 30 m. «C'est l'effet Valsalva, du nom de la manoeuvre d'équilibrage de pression utilisée en plongée sous-marine, explique Francis. Le sprinteur ralentit lorsqu'il inspire et accélère lorsqu'il expire lentement sous grande pression.» L'expiration finale de Bolt aux 75 m explique aussi pourquoi sa vitesse s'est maintenue pour quelques mètres.
Il y a des centièmes qui se perdent avant même qu'il ne commence à courir : son temps de réaction (0''165) est plus l