Menu
Libération

Usain Bolt, 9"69 en passant

Article réservé aux abonnés
publié le 18 août 2008 à 4h39

Ces séismes-là surviennent tous les dix ans, au plus. Il faut remonter à Michael Johnson écrasant en 1996 le 200 m d'Atlanta, à Ben Johnson démolissant le 100 m de Séoul en 1988, ou bien plus loin, à Bob Hayes mystifiant ses adversaires du 100 m lors des Jeux de 1964, pour retrouver une domination aussi totale dans une épreuve de sprint. Usain Bolt a survolé la finale olympique du 100 m, samedi, terminant deux dixièmes devant le suivant. Sur 100 m, c'est un gouffre. Qui aurait pu être plus grand, si Bolt avait daigné courir les 20 derniers mètres, plutôt que fêter la victoire avant la ligne. Au point que la marque historique qu'il a établie, 9"69 (trois centièmes de moins que son précédent record du monde), semblait presque accessoire.

Changer d'ère. Depuis samedi, deux questions tournent en boucle : quel temps Bolt aurait claqué sans faire le pitre (lire ci-contre) ? Et jusqu'où peut-il aller, alors qu'il n'aura que 22 ans jeudi ? La course de Bolt augure de chronos impensables. Le 100 m vient de changer d'ère. En février, l'Inserm publiait une étude sur les limites humaines et les records. Selon le modèle statistique, la limite sur 100 m plat, située autour de 9"67, ne devait être améliorable que de quelques millièmes de secondes. Si Bolt n'avait pas coupé son effort aux 80 m, ces prédictions seraient déjà périmées. En conférence de presse, après avoir détaillé sa journée pré-finale en surjouant la décontraction («J'ai mangé des nuggets et je me suis recouché. J'ai reman