Cet homme est un déserteur. Odlanier Solis est Cubain, boxeur, champion olympique des lourds à Athènes en 2004. Il a 28 ans. Chez les amateurs, il a glané 227 victoires, n'en a perdu que 14 ; il a été triple champion du monde, mais il a blessé Fidel Castro. Au coeur. Lorsqu'on le rencontre dans un bistrot sans cachet de l'ancienne gare centrale de Berlin-Est, il vient juste de descendre d'un Hummer jaune poussin. Casquette vissée sur le crâne, colliers étincelants au cou, dents plaquées or, on comprend que Bild ait ainsi légendé la photo de son arrivée en Allemagne : «Odlanier Solis aime le capitalisme.» Une dame d'un certain âge nous demande du bout des lèvres : «C'est un chanteur de hip-hop ?» C'est plus compliqué que ça. L'acte le plus important de sa vie était-il prémédité ? Il hausse doucement les épaules. «L'occasion s'est juste présentée.» Un jour de décembre 2006, Odlanier Solis est en stage au Venezuela avec l'équipe nationale cubaine. Comme à son habitude, il s'en va déjeuner avec son copain Yan Barthelemy, champion olympique en titre des mi-mouches, dans une cantine de Caracas. «On discutait à table. On en est arrivé à parler de quitter la délégation. Il y a eu un long silence. Puis Barthelemy a appelé Yuriorkis Gamboa, son camarade de chambre [et champion olympique des mouches, ndlr]. Il lui a dit de préparer nos bagages et de nous les déposer à un endroit sûr, loin de l'hôtel. Gamboa a demandé : "Je peux venir avec vous ?"»<
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