Si un footballeur professionnel n'est pas au-dessus des désagréments qui frappent dans tous les boulots (placardisation, précarité…), il rencontre aussi des situations particulières, propres à un métier où l'échec fait partie du job et où l'on grandit sous haute tension et en public. Or, dans le foot, on est toujours seul : c'est ce qui frappe dans le discours des cinq joueurs du Lille olympique sporting club (solide 8e de Ligue 1) auxquels nous avons demandé comment ils avaient vécu et géré psychologiquement les obstacles que le foot met sur la route de ceux qu'il fait et qui le font vivre. Chacun a validé un thème et s'est livré : verbatim.
La blessure Nicolas Plestan, arrière, 27 ans
«Il y a trois manières de se blesser. 1 : vous êtes mal psychologiquement, votre vie privée est en désordre, le corps lâche. 2 : vous êtes à la ramasse physiquement et ça finit par lâcher sur un appui. Et 3 : le fait de jeu, le truc qui frappe au hasard. Moi, c'était un fait de jeu. Le docteur pense à une entorse de la cheville : «Dans quinze jours, tu rejoues.» Mais, au bout de deux semaines, j'ai très, très mal. Un mois passe. Puis quatre, puis six : arrachement osseux avec les os brisés qui frottent les tendons. Aucune date ferme de reprise : je suis dans le noir.
«Joueur, j’étais le mec important, celui à qui on demandait son avis. Blessé, je ne suis plus personne, zéro. Je joue au foot depuis que j’ai 3 ans, c’est ma passion, j’ai quitté ma famille dès 1