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La course au large, ou l’art de se filer des coups de pieds au cul

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Anne Liardet, onzième de la cinquième édition du Vendée Globe en 119 jours, nous poste son colis depuis Brest chaque semaine.
par Anne Liardet
publié le 16 décembre 2008 à 19h54
(mis à jour le 16 décembre 2008 à 19h58)

J'écoute la vacation de ce mardi matin et j'apprends l'abandon de Jean-Baptiste Dejeanty et le démâtage de Mike Golding, surnommé Michel Doré par les frenchies. Pas si «doré» que ça finalement…

Un de moins…Un de moins… Sur le ton des sirènes des pompiers, c'est à priori ce que l'on pourrait penser quand on est en course… Pour être tout à fait honnête, (je parle pour moi) ça vous traverse l'esprit une fraction de seconde. Mais ça ne dure pas parce que tous les marins savent la difficulté et le danger de se retrouver très peu manoeuvrant au milieu de nulle part dans une mer défoncée. Le garage, c'est l'Australie ou les Kerguelen et on a vu tristement avec Bernard que l'arrivée au stand ne veut pas dire être tiré d'affaire ; il voulait se mettre à l'abri de la mer pour opérer une réparation somme toute bénigne… Mais il n'était pas à l'abri du vent… Quand on sait un concurrent en difficulté, on surveille sa progression vers l'abri le plus atteignable (pas forcément le plus proche) jusqu'à ce que l'on sache qu'il est « remisé ».

Bernard a sauvé sa peau mais son bateau est dans un triste état. J'imagine sans difficulté le crève cœur que ça représente pour lui… C'est un compagnon de route, des années de travail qui s'échappent sur les rochers d'un golfe du Morbihan (« petite mer » !!! en breton), perdu dans l'Indien…

Même si les situations de Bernard ou Dominique n'ont strictement  rien de comparable, l'hostilité des lieux me fait immanquablement penser à l'