Au septième étage d'un hôtel parisien de la porte de Versailles, la jeune femme lisse ses collants mauves et ajuste son chemisier. Une jupe miniature couvre ses formes avec une fausse pudeur. Un collier en argent, énorme, attire un regard déjà troublé par de longs cheveux de jais. On lui donnerait 18 ans. Elle en a huit de plus. Son regard se fait légèrement inquiet lorsqu'elle tend l'oreille. Quelques mots en espagnol à son manager, une fin de phrase en italien pour prouver qu'elle a bien compris. Elle n'aime rien laisser au hasard.
Leryn Dahiana Franco Stenery a tout d'un mannequin. La jeune Paraguayenne aurait aussi pu être actrice si sa passion ne l'avait poussée au beau milieu d'un stade d'athlétisme. Car c'est là que la planète entière l'a remarquée en août dernier, au coeur du «Nid d'oiseau» de Pékin, un javelot à la main. Sa renommée chinoise n'était certes pas due à sa performance puisque Leryn Franco est totalement passée à côté de son concours (51e sur 54, avec un jet à 45,34 mètres). Non, la belle a juste crevé l'écran du stade olympique. Une image diffusée à l'échelle planétaire. Comment une personne aussi délicate peut-elle, à son meilleur, lancer le javelot à plus de 55 mètres ? Réponse : «Je fais de l'athlétisme depuis l'âge de 17 ans. J'ai un peu tout essayé avant qu'un entraîneur réalise que c'était aux lancers que j'étais le plus douée. J'ai été recordwoman du Paraguay en 1999 et 2000 et championne d'Amérique du Sud à deux reprises. Mon record personnel