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Libération

Toulon, yankee es-tu ?

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Reportage. Rugby. Dans les coulisses du Racing Club de Toulon, 11e du Top 14.
par Jake Lamar
publié le 12 mars 2009 à 6h53

«On a un public très populaire, ici», me dit Lipi Sinnott. Il fait frisquet à Toulon en ce samedi soir, mais les tribunes du stade Mayol se garnissent rapidement de supporteurs du RCT, le club de rugby local. «C'est leur passion. Y en a qui vont à la messe. Les Toulonnais, eux, vont au stade. Leur religion, c'est le rugby.» Lipi, un Néo-Zélandais râblé et tout en muscles au crâne rasé et au sourire en coin, est l'entraîneur de la défense du RCT. Je lui ai avoué que c'est la première fois que je mets les pieds dans un stade pour assister à du rugby. Juste avant le coup d'envoi, les 14 000 fans se lèvent et entonnent en chœur la Coupo Santo en provençal. Et tandis que leur hymne retentit au-dessus du velours vert de l'immense pelouse, il devient évident que ce qui va se passer ici ce soir est de l'ordre du sacré.

BD. Je m'y connais peu en rugby, mais je suis fana de son rejeton bâtard : le football américain. Et s'il y a un sport au monde qui s'apparente à la guerre moderne, c'est bien celui-là, avec ces impacts de casques, et ces missiles que sont les longues passes en avant. Dans le rugby aussi, la violence est présente, mais sous une forme plus intime. Sans les protections corporelles des footballeurs américains ou leurs stratégies peaufinées, les rugbymen se lancent en gladiateurs dans un corps à corps beaucoup plus «saignant». Les quelques matchs que j'avais vus à la télévision ne m'avaient pas préparé au spectacle époustouflant de ces montagnes