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Histoire

Le sumo pour le pire

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publié le 16 avril 2009 à 6h52

«Les vingt premières minutes sont incroyablement douloureuses, mais après […], même si vous continuez à être frappé, vous sentez moins la douleur.» C'est un beau bébé de 1,92 mètre pour 154 kilos, répondant au doux nom de «Grand oiseau blanc» (Hakuo en japonais), qui parle. Il est l'un des deux yokozuna («grand champion») en activité ans le sumo japonais. Et il vient de briser un tabou. Celui du bizutage pour le moins musclé et tout à fait tu, qui se pratique dans les écuries de sumotoris nippones. Lui l'a enduré à 15 ans, à son arrivée dans l'archipel. «Quand vous me voyez maintenant, j'ai l'air heureux, mais à ce moment-là, je pleurais tous les jours, a-t-il raconté dans une conférence de presse. Et quand mon aîné me disait "C'est pour ton bien", je pleurais encore plus.» La confession d'Hakuo éclaire les drames vécus par de jeunes lutteurs, «dressés» par la violence et les coups dans l'anonymat des salles d'entraînement, avant d'accéder pour quelques élus à la notoriété. Elle intervient au moment où un ancien maître d'écurie est jugé pour la mort de son apprenti. En juin 2007, le décès de Takashi Saito, 17 ans, avait révélé à un public nippon effaré les coulisses d'un sport deux fois millénaire et symbole de vertu. Frappé par son maître à coups de bouteille et par trois sumotoris plus âgés armés de battes de base-ball, l'apprenti avait succombé à un arrêt cardiaque. Le procureur a requis mardi sept ans de prison contre l'ancien maître ; les aînés frap