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Libération

Mamadou Sakho, joueur sans papiers et sans filet

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Foot. Arrivé pour jouer dans un club belge, le jeune Sénégalais se blesse : la galère commence.
publié le 20 avril 2009 à 6h52

Il était venu en Europe chercher la préface de son histoire. La voie était tracée : le Racing de Dakar, et après ça les vestiaires d'un club européen. Voici le récit d'une vie sanglante et noire. On lui donne 18 ans. Il en a 20 ; six frères, une sœur. Il est l'aîné d'une famille de commerçants de la médina de Dakar. La pénible aventure de Mamadou Sakho, qui rêve toujours de devenir footballeur professionnel, tient d'un tableau surréaliste. Peut-être à cause de la Belgique, pays de Magritte, où il pose pieds en fin d'année 2007 à l'invitation du Sporting de Lokeren, club du milieu de tableau de la Ligue professionnelle belge, qui a repéré cet ailier gauche d'un 1,78 mètre : «Pourtant, c'est un attaquant de 1,90 mètre que les recruteurs étaient venus chercher», se souvient encore, dubitatif, le jeune Sénégalais.

A Lokeren, où il s'est rendu par ses propres moyens depuis Bruxelles, il partage un appartement du centre-ville avec un Nigérian et un Burkinabé. Quinze jours après son arrivée, il est toujours chaussé de sandalettes et arbore «le même tee-shirt». Heureusement, il peut compter sur une famille bretonne rencontrée trois ans auparavant à Dakar. «Je cherchais un guide. Et Mamadou fut celui-là», se souvient Jean Toupin, résident brestois. La famille Toupin donne alors «sa parole» aux parents de Mamadou de «veiller» sur le jeune footballeur. Quelques jours après avoir débarqué en Belgique, Mamadou joint Toupin : «Jean, il faut que tu vien