Successeur de Bernard Laporte après l’échec de la Coupe du monde de rugby 2007, Marc Lièvremont, 40 ans, dirige depuis maintenant un an et demi le XV de France - assisté d’Emile N’Tamack et Didier Retière. A mi-chemin entre un Tournoi des six nations en dents de scie (défaite en Irlande, victoire probante contre le Pays de Galles, humiliation à Twickenham face à l’Angleterre) et une tournée, en juin dans l’hémisphère Sud (1), qui s’annonce particulièrement délicate avec des joueurs à peine libérés du championnat, le sélectionneur évoque sans détour son bilan mitigé, ainsi que la situation du rugby professionnel français, sur laquelle il émet un avis sévère.
Comment expliquez-vous une telle irrégularité du XV de France ?
L’organisation du rugby français est extrêmement chaotique. Quand on compare avec le temps de travail dont disposent les nations concurrentes - et je ne parle même pas des pays du Sud qui ont leurs joueurs six mois par an -, j’éprouve énormément de frustration. Pourtant, je nous sens potentiellement proches. Prenez l’Irlande : on dit depuis longtemps qu’elle a quasiment les meilleurs joueurs du monde à certains postes, plus une organisation basée sur deux provinces uniquement, une priorité donnée à l’équipe nationale, et ils sont passés par quatre ou cinq ans de mauvais résultats avant de gagner enfin un Grand Chelem. Nous, on est loin du compte.
Il y a dix-huit mois, l’équipe de France s’est trouvée orpheline de nombreux cadres. Il a fallu cons