Frédéric Bolotny, économiste au Centre de droit et d’économie du sport (CDES, à Limoges) et auteur d’une étude sur l’exploitation économique du transfert de Zinedine Zidane en 2001 au Real, revient sur les transferts de Kaka et Cristiano Ronaldo à Madrid.
Plus de 150 millions d’euros dépensés dans la même semaine, Florentino Perez, le président du Real, a-t-il perdu la tête ?
J'ai du mal à croire que l'on a affaire à un hurluberlu. Le Real est le club qui génère le chiffre d'affaires le plus élevé au monde [ndlr : plus de 365 millions d'euros par an], malgré ses récents mauvais résultats. C'est donc le club qui a le plus d'argent à dépenser sur le marché des transferts. Perez ne change pas véritablement son mode de fonctionnement en revenant au Real. Comme lors de son premier mandat, il va exploiter en synergie la «marque» Real Madrid et l'image de quelques grands joueurs, comme Kaka et Ronaldo, aussi bien commercialement que sportivement. Cela répond à une logique strictement économique : faire de l'activité principale de l'entreprise, le football, qui, à la base, n'est pas une activité rentable, un support qui donne assez de légitimité à la «marque» Real sur le plan du marketing. L'objectif, in fine, est de déconnecter totalement la réussite sportive de la bonne santé économique de «l'institution Real», pour que l'une n'influe pas sur l'autre.
Oui mais lors de son premier mandat, cette stratégie se basait sur l’achat d’un seul «galactique» par an…
Et le Real Madrid était aussi deux fois moins riche qu’aujourd’hui. Le club sortait à peine d’une période de fort endettement compensée par la vente de son centre d’entraînement.
Aujourd’hui, Perez ne met pas en danger le club en réalisant cette op