L’ogre était rassasié. Après sept saisons passées à engloutir des titres, l’Olympique lyonnais (OL) sort d’une saison blanche. Un jeûne soudain et douloureux. Pas un trophée à se mettre sous la dent, pas une coupe, rien. En championnat, l’OL rétrograde même à la troisième place. Simple accident, ou passation de pouvoir définitive ? Pour répondre à cette question, il faut lever le nez. Le titre ne s’est pas perdu ces dernières semaines, quand Bordeaux et Marseille ont doublé Lyon. Non, les raisons de l’échec sont à rechercher deux ans plus tôt. Des microfissures, mal rebouchées, se sont élargies, et l’ogre a commis en chemin quelques erreurs stratégiques qui l’ont conduit à déchausser.
Splendide et cruel
L’histoire commence à l’hiver 2006. L’OL vient de boucler la première partie du championnat en écrasant la concurrence, glanant 50 points sur 57. Il est passé tout près d’une demi-finale de la Ligue des champions au printemps précédent, au terme d’un match splendide et cruel à Milan. Puis a surclassé le grand Real Madrid (3 - 0) à la rentrée. Il reste qualifié pour les huitièmes de finale contre la Roma, tous les voyants sont au vert, Lyon semble en pleine progression. Il est en réalité au sommet. La descente va commencer, sans qu’il soit besoin d’attacher sa ceinture : la glissade va être lente, imperceptible.
Au cœur de cet hiver radieux, des failles fragilisent le vestiaire lyonnais. Les premiers titres avaient été gagnés avec une bande de copains. Il y avait souvent barbecue